HOMMAGE A MONSIEUR PIERRE SIMON
Dimanche 5 novembre, Monsieur Jean-Christophe PIK, maire de Valernes et son conseil municipal, rendaient un hommage solennel à Monsieur Pierre SIMON, ancien maire, à l’occasion du quarantième anniversaire de son décès.
Monsieur Daniel SPAGNOU, président de la Communauté de Communes du Sisteronais-Buëch, Monsieur Robert GAY, conseiller départemental se joignaient au conseil municipal, aux habitants et à la petite fille de Monsieur Pierre SIMON, pour se rendre au cimetière où le maire devait déposer un chrysanthème sur la tombe de Monsieur Pierre SIMON, un grand homme, une personnalité nationale, un maire très apprécié et aimé. Une plaque sur sa tombe a retenu l’attention de Monsieur Daniel SPAGNOU, car elle émanait du conseil municipal de Sisteron de l’époque. Plaque sur laquelle est mentionné : « La ville de Sisteron reconnaissante ».
Monsieur Henry GENRE, qui a bien connu Monsieur SIMON devait rappeler la vie et l’œuvre de grand homme. En voici le texte :
« Dans la mémoire du village il y a des dates, des événements, des personnalités importantes. Pierre SIMON fait partie de ceux-ci. Rappel de sa vie son œuvre.
1885 année de sa naissance, Valernes est un village relativement important de 590 habitants qui compte 4 cafés, une boulangerie, divers artisans, et même une perception ! PS nait dans une famille d’agriculteurs modestes qui exploitent le domaine de ST Heyriès (ancien domaine de l’abbaye de st Victor de Marseille, vendu aux enchères à la Révolution). Il est l’enfant unique et chérie de Pierre son père et sa mère Eulalie SOURRIBES, couple âgé, qui tire leur force et leur noblesse de leur attachement au terroir. A l’école de Valernes l’instituteur décèle rapidement en ce jeune enfant une intelligence remarquable et des capacités exceptionnelles pour les études, il convainc ses parents de lui faire faire de fortes études. Il devint élève des Ecole Chrétiennes des Mées. Après son baccalauréat, il prépare Polytechnique à l’école Sainte Geneviève des Bois à Versailles. (Jusque-là ses parents financèrent entièrement ses études, une bourse lui fût acquise pour polytechnique).
En 1904 il est reçu à l’école Polytechnique dont il ressort quatorzième et réalise son souhait : entrer dans le corps des Ponts et Chaussées. Pour rester près de sa mère ayant dû abandonner la ferme familiale après le décès de son père, il choisit pour ses débuts GAP en 1910. En ce lieu il épousa Marie Antoinette MARROU. A peine installé dans la vie, jeune marié et papa d’une fillette de quelques mois, il fut mobilisé en août 1914 dans le génie comme commandant d’une compagnie de sapeurs de chemin de fer, comme le voulait sa fonction. Bien qu’aillant évité les atrocités des tranchées il subit des drames de la guerre qui lui valurent 5 citations et la Croix de Guerre. Après l’armistice il, revint à GAP où il est promu sur place, fait assez rare, ingénieur en Chef.
En 1924 il est appelé au ministère des travaux publics comme chef du cabinet de Victor PEYRAL sénateur des Hautes-Alpes dans le bloc des Gauches. En 1925 il est nommé Ingénieur en Chef des forces hydrauliques à Grenoble (année de l’exposition de la houille blanche) -signe du destin- ? Quelques années plus tard il prend la tête du service des Ponts et Chaussées de l’Isère.
En 1936 il est appelé à la Direction des Forces Hydrauliques et des Distributions d’Energie Electrique au Ministère des TP. Il apporte alors un concours décisif à Paul RAMADIER, englué dans des difficultés sociales de l’époque : la mise sur pied du programme de 1936 ; « établissement du plan des 3 milliards de KWh avec amélioration des conditions de travail du personnel ». Dès lors, Pierre SIMON accompli en une étape et tout seul l’ascension sociale qui pour la plupart des autres exige au moins deux générations. Voici de nouveau la guerre, fidèle à sa méthode il se fait assister par des industriels, mais c’est lui le Chef.
Juin 1940 l’Armistice est signé. Devant sa réticence à collaborer, Pierre Simon est relevé de ses fonctions et affecté au Conseil Général des Ponts et Chaussées. A 55 ans une nouvelle carrière s’ouvre devant lui à l’Entreprise Industrielle (société de travaux du groupe DURAND devenu le premier distributeur Français d’électricité).
Pendant la guerre il est résistant dans le groupe « Patriam recuperare » et garde le contact avec Marcel Paul et la fédération illégale de l’éclairage. La Libération les réunira à nouveau, il participe à quelques réunions de la commission « nationalisation » du CNR. Le 22 novembre est constitué le gouvernement présidé par le Général de Gaulle ; Marcel PAUL, revenu de Buchenwald est ministre de la protection industrielle, pour le charbon et l’électricité. Le projet de loi de la nationalisation de l’électricité, signé de MM de GAULLE, M PAUL, F BILLOUX, PLEVEN, TEITGEN, CROISAT et TIXIER est déposé le 18 janvier 1946 ; deux jours après le Général de GAULLE démissionnait, Le 8 avril 1946 la Loi qui crée EDF est adopté à main levée à l’assemblée. Il faut à la nouvelle entreprise nationale un PDG, qui ait la compétence technique et l’autorité morale, qui ne soit ni un patron, ni un syndicaliste, encore moins un obligé de Vichy. Les regards se portent vers Pierre Simon qui est vivement sollicité par le gouvernement, bien qu’il ne soit pas candidat. Pour Marcel PAUL, une évidence s’impose : « il nous faut un fils du peuple ». Pierre Simon est réticent ne connaissant pas les textes qui lui sont remis, il décide de s’isoler à Valernes où dit -il «sous ce soleil qui n’a pas de pareil au monde, dans un pays où à chaque tournant de chemin on tombe sur un paysage bien supérieur aux paysage de la Grèce les plus célèbres » . De retour à Paris il pense refuser puis à force d’argumentations, il s’entend dire : « on ne vous imposera rien qui ne puisse vous gêner ». Il accepte la mission de relèvement du Pays : il va mettre à titre bénévole EDF sur les rails. Avec la naissance d’EDF apparaît aussi un nouveau statut du personnel rédigé entièrement par Marcel PAUL durant de longues nuits de travail en concertation avec Pierre SIMON ainsi naquit le CCOS qui deviendra CCAS énergie (1% mini des bénéfices EDF alloués HT)
Pierre SIMON cite dans une interwieww : « lorsque rue de grenelle, il me tendit la main pour me quitter, Marcel PAUL aussi pétri de foi communiste que la paysannerie bretonne de foi catholique n’eut que ce mot chaleureusement prononcé : Monsieur SIMON, la belle France que nous allons faire ! » II constitue une équipe équilibrée et soudée pour mener à bien cette nationalisation. Il négocie avec Marcel PAUL les articles des statuts.
On mesure difficilement l’énergie qu’il a fallu déployer pour changer de régime, fondre plus de 1200 entreprises en une entreprise unique, ranimer et multiplier les chantiers à une époque où tout manquait, gagner les Pouvoirs Publics à une vision dynamique du développement, préparer les innovations techniques de l’avenir, assurer le financement des travaux en dépit d’une épargne réticente ou absente, s’accommoder du contrepoids indispensable des syndicats,
EDF porte encore la marque profonde de son Président-fondateur ; on lui doit en particulier l’idée efficace de définir le domaine de chaque direction technique du service national en fonction de l’horizon de son action : 1 mois pour l’exploitation, 5 ans pour I’ équipement, 20ans pour les études et la recherche. EDF deviendra le leader mondial de la fourniture d’électricité que nous connaissons aujourd’hui
Début 1947, Robert LACOSTE et la majorité du gouvernement demandent de prendre des mesures contre le personnel et de modifier les tarifs. Pierre SIMON démissionne le 2 mai 1947, un an après sa nomination, et revient à I’ Entreprise Industrielle, dont il assure la présidence pendant plus de 20 ans. IL en sera président d’honneur jusqu’à la fin de sa vie.
En 1959, très affecté par le décès de son épouse vaincue par la maladie, lors des élections municipales, il est coopté par la population. Encore une singularité pour ce grand homme qui ne s’est jamais porté candidat mais que le bon sens est toujours allé chercher. Son autorité, sa compétence, son humanité, vont faire merveille : Valernes va enfin connaître la modernisation ; sous ses mandatures sont réalisés, en particulier l’adduction d’eau potable et l’assainissement collectif, la restructuration et l’agrandissement du cimetière communal, la création de la place actuelle du village en lieu de l’ancienne bâtisse Gêvaudant, l’électrification, le revêtement bitumé des chemins, etc… De ce temps, sa demeure Valernaise verra défiler des tas de gens importants et de hautes personnalités invités à de longs repas « officiels ».
En 1977 à l’âge de 92 ans il s’éteint sans avoir connu la maladie, si ce n’est les deux derniers mois de sa vie. Il s’en est allé sous le soleil de juillet qu’il affectionnait tant, vers un repos éternel bien mérité. Il repose auprès des siens qu’il chérissait dans le cimetière du village : Valernes qu’il a tant aimé. »
Puis, une minute de silence était observée suivi d’un apéritif dans la salle des fêtes.