RURALITE ET FRACTURE TERRITORIALE
Delphine Bagarry Députée, Jean-Jacques Président des Maires Ruraux et Daniel Spagnou Président de l’Association des maires de France 04, avaient, en présence de Jean-François Cesarini Député du Vaucluse, convié les Maires du département à Malijai pour parler ensemble de la ruralité et de la fracture territoriale.
Daniel Spagnou a prononcé l’allocution suivante :
« Merci Madame Bagarry pour avoir eu l’idée d’organiser cette réunion importante et d’avoir invité votre collègue député Jean-François Cesarini, co-rapporteur à l’Assemblée nationale d’un projet de nouvelle étape de décentralisation à laquelle nos territoires ruraux et de montagne sont étroitement concernés.
Car c’est un constat que nous avons tous fait, chacun dans notre commune : nos territoires ruraux et de montagne sont les grands oubliés de ces dernières décennies.
L’épreuve du temps et l’éloignement des centres urbains importants et de nombreux réseaux d’infrastructures nationales ont fragilisé nos communes. Alors aujourd’hui peut-on donner aux habitants de nos campagnes et à d’autres qui choisissent d’y vivre, les chances de le faire ?
Nous sommes conscients que nos habitants sont la première de nos richesses et nous savons qu’il n’y a pas de territoire rural vivant sans habitants.
D’autre part, de plus en plus d’habitants souhaitent à nouveau s’installer dans nos campagnes et la demande est réelle. Originaires du pays ou citadins à la recherche d’un autre environnement, il nous faut leur répondre et mettre tout en œuvre pour les accueillir.
Cet accueil est primordial. Il est bien souvent la garantie dans le temps du maintien de l’école. Et nous savons bien que l’école est bien plus qu’un simple service. C’est le symbole de la vie de la commune, de sa jeunesse, donc de son avenir.
Mais il n’y a pas d’habitants sans emplois pour les faire vivre, sans logements et sans services pour les accueillir. C’est pour cette raison qu’il faut offrir des logements de qualité, adaptés aux besoins d’une vie moderne, et notamment aux jeunes ménages, se battre bec et ongles pour maintenir nos écoles et nos services afin de renouer le lien social là où il s’est parfois distendu dans l’isolement ou la méfiance. Et ne pas oublier surtout de développer nos ressources économiques et l’emploi.
Cela veut dire qu’il faut valoriser nos atouts et notamment ceux de notre environnement et de nos paysages qui offrent un cadre de vie précieux, indispensable au développement du tourisme sans oublier nos productions artisanales et Dieu sait si elles sont nombreuses dans ce département.
Mais les territoires qui sont les nôtres, même ceux qui sont éloignés des villes, ne peuvent pas avoir pour seule vocation économique de servir de réserves naturelles et de lieux de loisirs.
Il faudra bien que l’Etat se penche sur ces problèmes qui contribuent à accentuer les méfaits d’une France qui avance à plusieurs vitesses, privant toujours plus une certaine catégorie de Français de services publics comme la Poste, la Trésorerie ou les écoles, oubliant que ici aussi nous avons l’utilité de la fibre optique, de la maternité, de l’hôpital et des médecins généralistes. Et qu’il nous faut aussi des routes en bon état et des autoroutes pour un désenclavement efficace.
Alors mes chers amis, c’est évidemment un chantier de reconstruction qui s’ouvre devant nous et il nous demandera beaucoup de courage, de l’imagination et même de l’opiniâtreté de tous les jours sans oublier une grande détermination pour le mener à bien.
Je crois qu’il serait judicieux de proposer rapidement des « Etats généraux sur la ruralité », en vue d’aboutir à un véritable « Plan Marshall de la ruralité » que les maires des Alpes-de-Haute-Provence, j’en suis convaincu, seraient prêts à relever.
Si notre volonté de reconstruire notre territoire est aussi forte que celle de vouloir y rester, alors nous avons toutes les chances de réussir. »