LE LOUP AU CŒUR DES DEBATS DE L’ASSEMBLEE GENERALE DE L’ASSOCIATION ELEVEURS ET MONTAGNES
Mardi dernier, l’Assemblée Générale de l’Association Eleveurs et Montagnes a eu lieu à l’Alcazar de Sisteron, en présence de Daniel SPAGNOU, Maire de Sisteron et Président des Maires des Alpes de Haute Provence, Pascal ZINGRAFF Sous-préfet de Forcalquier, Françoise GARCIN Adjointe aux affaires agricoles et productions du terroir, Frédéric ESMIOL Président de la Chambre d’agriculture 04, le Lieutenant-Colonel BROCHIER Commandant du groupement de gendarmerie des Alpes-de-Haute-Provence, Valérie VINCHENEUX Secrétaire générale de la Sous-préfecture de Forcalquier, Yves DERBEZ Président de l’Association, Francis SOLDA vice-président, de nombreux élus et personnalités régionales, des représentants du Cabinet du ministère de l’Agriculture et de celui de l’Ecologie, Jean-Luc CHAMPION, vétérinaire du Groupement de Défense Sanitaire, sur les dégâts collatéraux de la prédation sur l’élevage, Marc DIMANCHE, Directeur du CERPAM (Centre d’Etudes et de Réalisations Pastorales Alpes Méditerranée) et de nombreux éleveurs.
L’Association Eleveurs et Montagnes, regroupe 327 éleveurs bovins, caprins, ovins et équins des Alpes de Haute-Provence (Vallée de l’Ubaye, du Verdon, vallée de Thoard notamment) et des Alpes maritimes. Une vingtaine de groupements pastoraux du Var et des Bouches-du-Rhône a également rejoint l’association. Il s’agit d’éleveurs qui se regroupent pour que leurs troupeaux partent ensemble en alpage dans les Alpes.
L’association Éleveurs et Montagnes se mobilise pour la conservation de la biodiversité des zones pastorales des Alpes méditerranéennes, le soutien aux activités pastorales par l’équipement des cabanes pastorales et l’aménagement des pistes d’accès aux alpages, la revalorisation du statut de berger par la formation et soutien à leur activité, la promotion des produits d’élevage par l’organisation et le soutien des éleveurs pour le développement des filières courtes.
L’association Éleveurs et Montagnes a pour but de sauvegarder et défendre tous les modes d’élevage qui subissent les attaques et les contraintes dues aux prédateurs (loup, lynx…) et ce, notamment par les moyens suivants : en informant les éleveurs, les habitants, les collectivités locales et tous les organismes sur l’évolution de la population et sur les attaques des prédateurs et leurs conséquences. En apportant toutes les aides matérielles et juridiques aux éleveurs et aux bergers victimes d’attaques de prédateurs, notamment devant l’administration et toutes autres juridictions. En intervenant auprès de toute administration, toute collectivité ou toute juridiction pour défendre les intérêts et les droits des éleveurs et des bergers exposés aux attaques des prédateurs. En faisant connaître les lois, les informations et les décrets en vigueur intéressant les éleveurs concernés par les prédateurs. En regroupant tous les éleveurs et les bergers résidants et transhumants (ovins, bovins, caprins, équins) afin de les défendre et de faire entendre leurs revendications auprès des organismes concernés par le pastoralisme de montagne, de l’agriculture et de l’élevage, ainsi que par l’administration et le ministère de l’agriculture et de l’environnement.
Monsieur Daniel SPAGNOU, devait ouvrir l’Assemblée générale, «Votre association défend une cause qui me tient à cœur et l’importance du pastoralisme n’est plus à démontrer dans notre région. Il est vital pour nos montagnes. Votre combat est le mien depuis de nombreuses années. Le pastoralisme est l’un des maillons de la chaîne formée par la filière ovine, et les éleveurs en sont le premier maillon. Lors de mon mandat de Député, j’ai été rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur le loup, que présidait mon ami, Christian ESTROSI. Le premier constat que nous avions dénoncé était que le retour du loup en France mettait en danger la survie du pastoralisme en montagne, en commençant par les dégâts causés sur les troupeaux et sur la faune sauvage. Or, le pastoralisme ovin contribue au développement de l’économie et du tourisme de montagne, à la protection de l’environnement, ainsi qu’au maintien de toute une profession. Si les alpages devaient être abandonnés les conséquences écologiques seraient majeures sur la biodiversité et nous deviendrons une réserve d’indiens ; c’est d’ailleurs ce que l’on souhaite en haut lieu. L’entretien des montagnes serait alors inexistant, menaçant l’agriculture de montagne, et posant la question de la gestion des espaces d’altitude. Depuis 2011, votre association Eleveurs et Montagnes agit pour la sauvegarde et la défense de tous les modes d’élevage qui subissent les attaques et les contraintes dues aux prédateurs. Je soutiens votre action fermement depuis tant d’années, connaissant la gravité de la situation induite par la prolifération du loup. Et la présence du loup aujourd’hui n’est plus seulement un problème de montagnards, il s’étend à tout le territoire national. Les mesures prises, plus ou moins appliquées, ont montré leurs limites, même les chiens de protection sont aujourd’hui attaqués. Et force est de constater que les attaques ne diminuent pas. Dans notre département, c’est l’équivalent d’un troupeau de 700 têtes qui disparaît chaque année. La profession est sur le déclin, le nombre d’éleveurs baisse de façon inquiétante. Aujourd’hui, le dilemme est là, choisir entre l’homme, l’élevage, la faune sauvage et le loup. Pour moi le choix est simple. Comment ne pas comprendre votre volonté d’agir face à ce phénomène qui, au prétexte de sauvegarder une espèce nuisible, justifie que l’on sacrifie le pastoralisme et tout ce que cela implique. Oui, je suis conscient de la situation et je partage votre combat d’autant que la ville de Sisteron est concernée avec l’abattoir, premier de France, deuxième d’Europe, qui souffre aussi de la baisse de production. Et si nous n’y prenons pas garde, c’est toute une filière et un parc d’activité qui va disparaître dans les vingt années à venir. « Une profession en détresse, une filière en danger » tout est dit dans votre slogan. Et comme vous, je dis : « où est l’intérêt général ?… dans la présence des loups ou dans celle du pastoralisme et de l’homme ?»