RETROSPECTIVE « LE PEINTRE EN SES MIROIRS » DE ROGER ESKENAZI A LA GALERIE DE LA CITADELLE DE SISTERON
Mardi dernier, Daniel SPAGNOU, Maire de Sisteron et Sylvie FRITZ, Adjointe à la Culture recevaient, Rachel ESKENAZI, lors du vernissage de la rétrospective des œuvres de son époux, Roger ESKENAZI.
Une exposition qui permet d’aller à la rencontre du talent et de la personnalité de Roger ESKENAZI qui nous a quitté en 2003. Il est né le 18 avril 1923 à Sarcelles et se trouvait à Barcelone en juillet 1936 lorsque la guerre civile éclata. En 1940, Il doit porter l’étoile jaune dans Paris occupé. Son père, qui l’a souvent conduit au Louvre devant le Greco, Murillo, Goya, le Nain, est arrêté, déporté à Auschwitz, il n’en reviendra pas. Roger ESKENAZI s’échappe et se cache, sans pour autant renoncer à agir. Il distribue des tracts, travaille dans l’atelier d’André Lhote.
Une douleur est d’avoir vu ; une autre, non moins violente de ne pouvoir représenter l’horreur. Aussi s’engage-t-il dans la peinture à la poursuite de cet invisible. Quel étrange travail de mémoire, efficace parce que non intentionnel ! Du fond de ces tableaux qui ne prétendent montrer quoi que ce soit, des fantômes apparaissent comme les pierres qui affleurent dans les champs au moment des labours. Ainsi, une fois encore, mieux que tout autre art, la peinture témoigne du génocide et des monstres qu’enfante le sommeil de la raison. Dans sa peinture apparemment abstraite, l’artiste se nourrit d’un paysage, d’une promenade dans la montagne. Dans ses longues balades sur les monts de Haute Provence, Roger ESKENAZI se chargeait de l’expérience de l’espace, du corps, qu’exprimaient les bambous chargés de peinture sur le papier ou la toile. Le peintre, convaincu que la réalité n’existait pas, a consacré son œuvre à cette tentative risquée de la décrire.
La carrière de Roger ESKENAZI a été émaillée de nombreuses rencontres comme celles avec Pablo Picasso, Fernand Leger, le chorégraphe Merce Cunningham, mais également de nombreux voyages d’étude en Egypte et au Brésil. Il a séjourné à Madrid et à Tolède où il étudie Goya et El Greco, mais également au Pays-Bas et en Belgique pour réaliser des travaux sur Rembrandt, Vermeer et Rubens.
« Ce peintre remarquable aura laissé une empreinte dans le monde de l’art dont sont témoins les nombreuses bibliographies qui lui sont consacrées et que l’on peut trouver dans les ouvrages les plus illustres. Ce soir dans notre ville de Sisteron nous vivons un moment d’émotion partagé avec cet artiste, cet Homme qui a fait corps avec cette terre de Provence et qui lui a donné les couleurs de son âme. » devait rappeler Daniel SPAGNOU.
L’exposition est visible jusqu’au 21 juillet prochain.