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  • PAR DANIEL SPAGNOU : POURQUOI JE CROIS QUE LE SPECTRE DE 1929 DOIT ENFIN NOUS FAIRE AGIR !

    1929bis.jpgSi l’histoire ne se répète jamais, les manifestations de l’histoire sont souvent récurrentes. En cela, la très grande dépression dans laquelle le monde entier est entré, génératrice d’une crise sociale inévitable, ne doit pas aboutir aux reflexes des crispations nationalistes et à la montée en puissance des pouvoirs « militarisants ». Dire la vérité sur la crise comme l’a fait le Président de la République à Toulon le 25 septembre dernier est un acte de responsabilité, car cette crise et ses conséquences nous engagent tous : les Etats, les banques bien sûr, mais aussi, les entreprises, les épargnants, les employés, les jeunes sur qui pèsera le coût de ce désastre tout comme les personnes âgées qui peuvent légitimement se poser des questions sur leur retraite. L’organisation du monde s’est profondément modifiée au cours des vingt dernières années avec la fin de la guerre froide et le début des guerres du pétrole, avec la fin du roi « dollar » et l’avènement d’autres monnaies alternatives comme l’Euros, avec l’abandon de l’économie réelle et le développement de l’économie dérégulée et dématérialisée, avec la délocalisation des appareils productifs locaux pour une restructuration régionale facilitée par le développement des flux mondiaux de marchandises. CETTE CRISE EST LA SIMPLE MANIFESTATION D’UN SURENDETTEMENT MASSIFJe crois que malheureusement cette crise était annoncée car elle est la simple manifestation d’un surendettement massif. Les causes sont complexes, et seront discutées encore longtemps : démographie, mondialisation, progrès technique, épuisement des ressources naturelles, coût “colonial”… Il y a sans doute beaucoup de responsabilités.Mais cette crise n’est pas celle du capitalisme. Elle est le résultat de déviations profondes et d’excès inconsidérés de la finance mondiale qui a bien profité de la complicité affichée au grand jour par les « politiques » qui non seulement n’ont jamais pris la réelle mesure des crises passées (1989, asiatique en 1997, bulle internet en 2001), mais qui en plus ont parfois consciemment entretenu cette économie virtuelle comme au lendemain du 11 septembre quand la Banque Centrale américaine a décidé de baisser ses taux d’intérêts à des niveaux qui n’ont fait qu’illusion pendant six ans et dont on paie aujourd’hui le prix fort. Si on peut légitimement se poser la question de savoir à quel point cette complicité relevait de l’aveuglement ou plus simplement de l’intéressement, on peut tout aussi légitimement se poser la question de l’indépendance des prétendants à la maison blanche quand on sait que d’un côté ce sont les banquiers qui soutiennent Barak Obama et de l’autre c’est le complexe militaro-pétrolier qui pousse John Mc Cain. D’ailleurs, le spectre de 1929 pourrait bien faire pencher la balance et pas dans le sens que tout le monde croit ou semble souhaiter.  Une autre cause de la crise est évidemment liée aux frais de guerre. Ceux-ci se montent à 500 milliards de dollars US par an. Depuis la Seconde Guerre mondiale, il s’agit des dépenses les plus élevées jamais enregistrées et financées par le contribuable. D’ailleurs, de plus en plus d’observateurs se demandent déjà, jusqu’à quel point dans un contexte de crise mondiale et de récession généralisée, cet effort de guerre pourra être maintenu.Personne ne peut se réjouir du fait que la crise soit d’une telle ampleur. Mais il me semble important de relever le fait sans aucune ambiguïté qu’elle est une conséquence de ce que l’on appelle « l’ultralibéralisme », idéologie selon laquelle on a progressivement démantelé toute régulation du système financier.LES DERIVES D’UN SYSTEME AUTOREGULECette crise a au moins le mérite de mettre au grand jour les dérives d’un système considéré par le passé comme seul raisonnable car autorégulé. Cette crise a aussi le mérite de montrer que si la dette publique est un vrai problème de société, la dette privée occidentale était encore plus préoccupante. La fameuse dette publique et privée des Américains atteignait encore il y a peu 250 % du PIB.S’endetter pour investir est une règle de base, s’endetter pour spéculer était devenu une règle grave de conséquence, et aujourd’hui s’endetter pour tenter de solvabiliser d’autres dettes n’est pas, je le pense la solution miracle à apporter.Aujourd’hui, aucun pays majeur n’est autant affecté que les Etats-Unis par la multiplicité de crises (immobilière, financière, bancaire, économique, monétaire, militaire,…) et personne ne connaît exactement bien entendu la fin.L’INTERVENTIONISME DES ETATS REHABILITEIl ne se passe désormais plus une seule semaine sans qu’au moins une banque, grande ou petite, tombe en faillite. Et les gouvernements sont obligés de prendre à leur compte des pans entiers de l’économie financière comme l’a montré la nationalisation de Fortis, Dexia, Fanny Mae et Freddy Mac, et la faillite de Lehman Brothers. C’est ainsi que l’on assiste à un véritable transfert massif de mauvaises dettes privées vers le public avec un fort risque que doit donc supporter le contribuable. L’Etat américain a ainsi acheté d’énormes volumes de dettes insolvables, par exemple à Bear Sterns, et il vient de se porter acquéreur pour encore 450 milliards de mauvaises dettes appelées, très probablement, à disparaître et va entrer dans le capital des banques américaines à hauteur de 250 milliards de dollars US.Les 1 700 milliards d’euros mis sur la table, il y a quelques jours par les Etats européens réunis dans une stratégie de sauvetage des banques, s’appuie plutôt sur un système de garanties des emprunts dont les banques ont besoin pour se refinancer.De telles interventions étaient nécessaires pour rétablir la confiance, éviter un effondrement et les files d’attente devant les banques des gens venant retirer leur argent comme en 1929 ou encore récemment en Argentine en 2001. Ces interventions salvatrices ne doivent pas effacer la responsabilité des mauvais gestionnaires qui devront rendre des comptes devant la justice.Pourtant, les craintes concernant les menaces de récession ont pris le pas sur l’optimisme retrouvé suite aux plans de sauvetage du secteur financier qui manifestement, en ce mois d’octobre « noir », n’y suffisent pas.UNE GRANDE QUANTITE DE L’EPARGNE A DEJA DISPARU ET LES FONDS DE PENSION SONT MENACESEn effet, il faut se rendre à l’évidence qu’il n’y a rien dans ce mécanisme de nationalisation des pertes qui puisse resolvabiliser les débiteurs des banques, au contraire. Ces créances condamnées constituaient les actifs de millions de petits épargnants. Qu’on le veuille ou non, on voit déjà disparaître une grande quantité d’épargne. Une disparition qui n’affectera pas seulement les riches financiers mais bien plus les petit épargnants qui ont placé leurs économie notamment pour préparer leur retraite à travers le système de fonds de pension qui est en train de s’effondrer. Et ce ne seront pas seulement les épargnants américains qui en pâtiront, dans la mesure où beaucoup d’établissements financiers sur la planète détiennent ce genre d’actifs, parfois sans le savoir. Fort heureusement, le système français de retraite par répartition, si souvent décrié, ne s’inscrit pas dans ce schéma. Pourtant qui peut dire aujourd’hui, la portée des dégâts collatéraux qu’occasionnera cette crise dans tous les domaines de la vie quotidienne et notamment pour les retraités français ?Malgré le fait que nous nous trouvons en plein dans la phase d’impact de la crise, les banques centrales, les gouvernements et autres institutions de contrôle ont, je le crois, encore la possibilité de limiter en partie les conséquences les plus négatives de la crise en cours. Aujourd’hui, il y a urgence à mettre en œuvre des actions concertées qui certes, ne permettront sans doute pas de limiter la profondeur de la plongée du monde dans la crise, mais qui doivent limiter la durée et l’ampleur de la crise systémique globale et reconstituer ce « capital confiance » des banques centrales, gouvernements et institutions de contrôle.LE CHANTIER DE LA REGULATION DE LA FINANCE MONDIALEChacun peut se féliciter qu’une réponse européenne commune impulsée par Nicolas Sarkozy, ait pris forme, mais le chantier de la régulation de la finance mondiale, nécessite une réponse à l’échelle de la planète. Alors qu’une réponse collective s’impose, les reflexes de replis nationalistes et du chacun pour soi, demeurent.Pourtant les vraies questions sur la régulation des marchés financiers ne pourront être abordées efficacement sans une volonté globale.  Au programme de ce nettoyage : les agences de notation, les règles comptable de solvabilité, la rémunération des opérateurs, les paradis fiscaux, la régulation des entités non régulées à ce jour comme les Hedge Funds (fonds spéculatifs), la rémunération des opérateurs financiers et la transparence des produits financiers dérivés, véritables bombes à retardement et qui représentent 75% des liquidités dans le monde, 45 fois l’estimation des fameux « subprime » américains.Les Hedge Funds, entités non soumises à quelque réglementation que ce soit, jouent un rôle important. Ils acquièrent des entreprises, bien ou mal gérées, pratiquent les ventes à découvert et font appel massivement aux produits dérivés. Par la combinaison habile de diffusions de rumeurs et de ventes à découvert, la valeur boursière d’une grande banque peut être réduite au point de rendre une reprise de l’entreprise possible. Plusieurs des grandes banques d’affaires, qui ont connu récemment des difficultés, on été victimes de ventes à découvert. Aujourd’hui, Les Hedge Funds se voient contraints de liquider leurs positions face à d’importants retraits de capitaux. C’est la politique du « sauve qui peut » face à l’énorme usine à gaz constituée d’ « actifs fantômes » qui est en train d’exploser. Ces « actifs fantômes » qui représenteraient 10 000 milliards de dollars US ne peuvent que nourrir de grandes inquiétudes et il faut les mettre en perspectives avec  les fonds d’intervention ou de garanties qui à travers les états du monde entier ne couvrent aujourd’hui qu’à peine 25% de cette somme.EVITER LES TENSIONS INFLATIONISTESMais l’urgence reste de rétablir la confiance, d’abord en évitant de baisser les taux d’intérêt, ce qui a pour seule conséquence, on l’a encore vu il y a peu, de favoriser l’inflation mondiale cumulée à la récession. Voilà pourquoi on ne peut faire l’économie d’une hausse des taux d’intérêt, car le monde ne peut plus vivre facilement à crédit.Comment faire alors pour relancer l’économie mondiale si le crédit est cher, si on évite d’injecter artificiellement des liquidités sur les marchés. L’idée, que je crois bonne, sera celle de privilégier l’offre et la production en évitant de gonfler la demande et la consommation. Les Etats ont cette responsabilité non pas qu’ils ont une revanche à prendre sur les multinationales, mais simplement parce que cette crise vient de réhabiliter la politique Keynésienne et que le monde a besoin d’un grand « New Deal économique et écologique ».RELANCER LES ECONOMIES PAR LES GRANDS TRAVAUX ET UN PLAN DE SOUTIEN AUX ENTREPRISESLes plans de sauvetage des banques ayant été adoptés ne suffisant pas à résoudre cette véritable crise systémique globale, les Etats doivent rapidement mettre en place une politique concertée de relance économique tout particulièrement en direction des entreprises et des PME afin notamment de résoudre de toute urgence leurs difficultés d’accès au crédit.Pourtant, et ce malgré la volonté affichée et l’action de Nicolas Sarkozy, les Européens qui ont fait preuve d’unité en s’accordant sur un programme de sauvetage des banques, ne sont pas prêts à aller jusqu’à poursuivre leur action commune en lançant un plan de relance économique face au risque de récession et de développement du chômage. Tout simplement parce que cela remettrait en cause dans certains pays les règles du Pacte de stabilité européen, qui prévoit une limite de 3% à ne pas dépasser en termes de déficit public. Vaut-il mieux prendre quelques libertés avec les déficits publics ou risquer un infarctus de l’économie réelle en quelques mois ? Cela donne la fâcheuse impression que les politiques ont su se mobiliser pour sauver ceux qui ont spéculé sur le dos de l’économie réelle et qu’en même temps ils ne sont pas capables d’en faire autant pour celles et ceux qui investissent, travaillent et produisent dans leur entreprises.Une autre piste sérieuse à mon sens en faveur de ce New Deal nouvelle génération doit reposer sur un plan de politique de relance globale via la construction d’infrastructures publiques financé par l’emprunt.Il faut lutter contre la tendance désormais bien établie d’une récession globale. Chacune des régions du monde connaît d’immenses besoins en infrastructures collectives, alors que d’autres parties de la planète (états pétroliers notamment) ne savent plus comment utiliser leurs réserves financières. Le monde entier est sur le point de s’arrêter brutalement de financer les déficits américains. Il faut donc organiser ce processus et lui trouver une alternative faute, là encore, de précipiter le système financier et économique mondial dans le chaos.L’Union européenne par exemple a besoin de vastes réseaux d’infrastructures trans-européennes pour améliorer l’organisation de son territoire et servir au mieux ses 500 millions de citoyens, ainsi que les connections avec ses voisins russes et du pourtour méditerranéen. Ces projets sont déjà identifiés et n’attendent que les financements pour être réalisés, avec un montant estimé à 379 Milliards d’Euros. Les idées défendue par Nicolas Sarkozy d’Union Méditerranéenne, de rapprochement avec la Russie, de soutenir l’économie du développement durable, des énergies nouvelles ainsi que la recherche et l’excellence de la formation, vont de ce point de vue dans le bon sens. Cultiver l’indépendance dans un monde interdépendant, investir pour l’avenir, refuser l’inéluctable, prendre ses responsabilités et agir pour le peuple, sa liberté et son intégrité, voilà une vraie conception politique d’actualité dont le Général De Gaulle lui-même fut le porteur.Les pays pétroliers, les fonds souverains, ne savent plus où investir leurs immenses réserves en devises. En effet, ces fonds souverains se méfient désormais du Dollar, des Bons du Trésor US, de Wall Street et de la City, et de l’ensemble des placements financiers qui ont permis ces dernières décennies le recyclage des pétrodollars. Sans porte de sortie vers l’économie réelle, ces gigantesques masses monétaires vont tout simplement alimenter la « globalflation ».Les banquiers centraux, les gouvernements et les institutions internationales doivent donc, au plus vite, organiser le lancement d’un vaste programme mondial de construction d’infrastructures, intégrant bien entendu l’amélioration de l’efficacité énergétique, financé par l’emprunt garanti au niveau mondial par les institutions internationales et les principaux gouvernements.VERS UN NOUVEAU SYSTEME MONETAIRE ?Un nouveau Bretton Woods s’impose car le dollar monnaie étalon devenu monnaie de singe, est un des facteurs aggravant de cette crise.Certains économistes privilégient la création d’un panier de monnaie pour déterminer le prix de l’énergie et tout particulièrement du pétrole.Le Dollar comme devise unique des transactions pétrolières, c’est déjà fini. Partout les producteurs de pétrole accélèrent la diversification de leurs transactions hors de la devise américaine. Il faut organiser cette évolution car son processus chaotique est en partie responsable des hausses brutales du prix de l’énergie et contribue donc directement à l’instabilité générale de notre planète.Il ne faut absolument pas que l’Euro se substitue au Dollar US au risque de substituer une cause qui très vite engendrera les mêmes effets désastreux. Il conviendrait plutôt de faire reposer le prix de l’énergie, et du pétrole en particulier, sur un panier de monnaies afin de mieux refléter la réalité de l’économie mondiale et du marché de l’énergie. Ce panier de monnaies pourrait être composé des monnaies des principales économies de la planète (Euro, Dollar, Yen, Yuan, Real,…) et des principaux producteurs d’énergie (Rouble, future monnaie commune du Golfe,…). Sans de telles initiatives à l’échelle planétaire, le ralentissement économique global risque fort de se transformer en une très grave et longue récession mondiale ;  l’inflation continuera son accélération et une augmentation incontrôlée du risque de conflits armés autour de l’enjeu énergétique et même alimentaire s’imposera.Une éventualité à laquelle nous ne pouvons pas nous résoudre tant les leçons de l’histoire doivent nous ouvrir les yeux car le spectre de 1929 est bien là au dessus de nos têtes annonçant les heures sombres de la destruction.   

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