Synthèse de la table-ronde organisée par Daniel SPAGNOU dans le cadre de la concertation sur la réforme des lycées.
Cette réunion s’est déroulée au sein de la cité scolaire Paul Arène à Sisteron, établissement comptant 1340 élèves et qui compte un collège, un lycée et des sections professionnelles.
On pouvait compter une vingtaine de participants parmi lesquels le Proviseur et son Adjointe, le CPE, le Conseiller d’Orientation psychologue, un chargé de mission de la CCI (ancien Directeur de la Chambre des Métiers et Directeur d’un CFA) et de nombreux professeurs représentant une palette de matières diversifiées.
L’équipe éducative présente a salué la démarche de Daniel SPAGNOU de venir à la rencontre du corps enseignant et souhaitait que cette démarche puisse se reproduire. La présence d’un représentant du monde économique fut également très appréciée.
En préambule, aucun des participants ne s’offusquait d’une réforme du lycée mais la version initiale avait été préparé et présenté, selon eux, sans aucune concertation d’où le refus catégorique du monde de l’éducation envers ce projet. Ils reconnaissaient bien volontiers que le lycée se devait d’évoluer mais qu’il était néanmoins fortement dommageable qu’un Ministre de l’Education Nationale ne prenne pas en compte le fait que notre système éducatif a besoin d’une réflexion globale. Ils demandent aux politiques de penser enfin à trouver une meilleure articulation entre les quatre niveaux scolaires français.
Sur le point de la réduction du volume horaire annuel de travail des élèves, il apparait une certaine unanimité sur l’idée d’une baisse hebdomadaire du temps de travail en classe et de rattraper cette baisse sur une rallonge des semaines de cours pris sur les congés scolaires. Mais une crainte a été signalée, en effet, certains enseignants pensent que cette baisse des heures en classe pourrait être une source de discrimination pour « les élèves se retrouvant seuls face à leurs livres et qui n’ont pas de contexte familial favorable ». Cette crainte est surement à prendre en compte dans le cadre de la réorganisation des volumes horaires.
Dans des départements ruraux et de montagne comme le notre, les équipes enseignantes ont rappelé que bien des élèves avaient une durée de trajet aller-retour pour se rendre au lycée fort long. Pour certains, il fallait ajouter encore les heures pour les matières optionnelles.
Les différentes matières sont beaucoup trop cloisonnées et il faudrait établir des passerelles entre les matières en offrant la possibilité de choisir des options qui pèsent davantage dans la scolarité des élèves.
Il a été clairement signifié le manque d’ouverture vers le monde économique, et là également des passerelles doivent être créés et inventées.
La baisse des moyens humains et matériels devient, selon les présents, dramatique car il est de plus en en plus difficile de remettre sur les rails un élève en difficulté du fait d’une flexibilité trop forte des personnels et de classes toujours plus lourdement surchargée. La réussite d’un élève dépend bien souvent d’une relation privilégiée avec ses professeurs et cette relation devient de moins en moins évidente du fait, semble t’il des réductions en personnel et des plannings surchargés.
Concernant la vie dans les lycées, il a été clairement dit que la vie scolaire tendait à se fragiliser et que le travail de suivi et d’accompagnement devenait fort difficile voire impossible ; en effet, le nombre de personnel d’encadrement et de surveillants ne cesse de diminuer. A tous les niveaux de la chaine éducative, il ressort ce manque cruel de moyens humains, un exemple flagrant a été cité : au sein du lycée, il y a une documentaliste pour 700 élèves !
Les lycées professionnels, de par leur fonctionnement, pourraient représenter un exemple à suivre car bien souvent les équipes travaillent en interdisciplinarité et l’encadrement pour les élèves y est renforcé.
La question de l’orientation a occupé une grande part des débats car il y a eu unanimité pour dire que l’ensemble de l’équipe éducative devait avoir un rôle à jouer mais encore faudrait il qu’elle en ait là encore le temps ! L’artisan du choix de l’élève dans son parcours scolaire et le moteur de l’orientation se doit d’être le Conseiller d’Orientation Psychologue. Et ce maillon majeur dans l’équipe éducative ne peut exercer sa mission dans des conditions satisfaisantes car il est lui aussi submergé par le nombre d’élèves dont il a la charge.
En conclusion de cette rencontre très enrichissante, il ressort des objectifs clairs pour la mise en place de cette nouvelle réforme :
ü Repenser l’enseignement offert aux redoublants,
ü Affirmer ou réaffirmer l’idée des aides individualisées liées aux difficultés scolaires, personnelles, sociales ou familiales de l’élève,
ü Réfléchir et repenser les volumes horaires et les contenus des programmes,
ü Alléger le nombre d’élèves par classe,
ü Renforcer les équipes de vie scolaire et de façon plus générale, l’ensemble des personnels se trouvant au lycée (COP, infirmerie, surveillant, agents divers, etc.),
ü Diversifier les séries générales et renforcer les séries technologiques qui fonctionnent bien mieux,
ü Que la 2ème devienne une véritable classe charnière pour l’orientation des élèves et désacraliser les séries scientifiques afin que chacun choisisse selon ses objectifs ou ses forces,
ü Inventer des passerelles entre les matières et les filières, ouvrir rapidement des voies d’accès vers le monde économique,
Et enfin, il va falloir lancer une concertation globale et ouverte afin que chaque strate du monde éducatif puisse être entendue car le débat sur les moyens humains et financiers mérite d’être ouvert de façon tout à fait apaisé.
La nécessité d’une réforme n’est pas remise en cause bien au contraire mais encore faut il en connaitre réellement les objectifs et les moyens qui lui seront attribués pour sa mise en