HOMMAGE DE DANIEL SPAGNOU
A MONSIEUR RAYMOND DORNIER
PRESIDENT DEPARTEMENTAL DE L’ASSOCIATION DES DEPORTES, INTERNES ET FAMILLES DE DISPARUS
Monsieur Raymond Dornier nous as quittés dans sa 91ème année.
C’était un homme d’honneur, un homme empreint d’une grande valeur morale et pour lequel les mots « famille », « drapeau » et « nation » n’étaient pas de vains mots.
A 13 ans à peine, il intègre les Enfants de Troupe à l’Ecole militaire préparatoire technique de Tulle. Après le décès de son père, il est soutien de famille et travaille pour subvenir aux besoins de sa mère et de ses frères et sœurs.
En Octobre 1943, il est promu Maître d’Internat à l’Ecole militaire préparatoire d’Epinal, repliée à Montpellier en ces temps de guerre. Et le 9 mai 1944, il s’engage pour trois ans à l’Ecole de La Garde à Guéret. Moins d’un mois plus tard, il prend le maquis avec une bonne partie des élèves et des cadres de l’école et participe à la libération de Guéret ; première préfecture métropolitaine à être libérée par les Forces de la Résistance Intérieure.
Il est arrêté le 11 juin dans la Creuse et interné pendant un peu plus de deux mois à Compiègne d’où il sera conduit à Buckenwald en août 1944. En avril 1945, les circonstances lui permettent de s’échapper et il foule à nouveau le sol français le 11 mai 1945.
Raymond Dornier n’a pas encore vingt ans.
Le retour est douloureux car sa mère a été fusillée avec d’autres résistants ainsi qu’un oncle et une tante. Il apprend aussi qu’il a été déclaré officiellement mort et ses frères et sœurs ont été placés dans des familles.
Après ces années de guerre, de douleurs, d’enfermement et d’horreur, Raymond DORNIER fera une carrière militaire qu’il terminera au grade d’Adjudant-Chef. En tant qu’invalide de guerre, il bénéficie d’un emploi réservé et entre au lycée Paul Arène en tant que commis, en 1964. Il y restera quinze années et quittera l’établissement en qualité d’Adjoint administratif principal.
Raymond DORNIER, marqué à jamais par ce qu’il a vécu, n’a eu de cesse de témoigner auprès des jeunes, de faire ce devoir de mémoire dont il se sentait investi pour que jamais plus personne ne connaisse les atrocités auxquelles il avait été confronté.
Président de l’association des Déportés, Internés de la Résistance des Alpes de Haute Provence,
Président Départemental de l’Association des Déportés Internés et Familles de Disparus,
Membre du Conseil départemental pour les Anciens Combattants et Victimes de guerre et la Mémoire de la Nation,
Membre de la Commission Départementale de correction du Concours de la Résistance et de la Déportation,
Raymond DORNIER était titulaire de :
la Médaille Militaire,
la Croix de Guerre 39 – 45, avec citation à l’Ordre du Corps d’Armée,
la Croix du Combattant volontaire de la Résistance,
la Médaille des Déportés Résistants,
des Médailles commémoratives Indochine et Afrique du Nord,
et je l’avais reçu en mairie de Sisteron, en Juillet 2011, où il avait reçu des mains du Général Alain LOGETTE, Président départemental de la Société d’Entraide des Membres de la Légion d’Honneur, les Insignes d’Officier de la Légion d’Honneur.
Raymond DORNIER était présent à toutes les cérémonies patriotiques, il a fait énormément pour que jamais nous n’oublions ceux qui ont combattu, civils ou militaires, en pensant à tous ceux qui ont laissé leur vie pour leur pays.
Avec lui, j’ai porté et déposé, presque toutes les années, une gerbe au Monument de la Résistance à l’occasion de la journée de la Déportation.
Il était bien connu des Sisteronais et très estimé aussi dans le monde patriotique.
Aujourd’hui, c’est un grand homme qui disparaît, un grand humaniste, et, encore une fois, je perds un ami.
A Régine, son épouse, à son fils Albert et à sa belle-fille Michèle et à ses petits-enfants, Alexandre et Guillaume,
J’adresse mes plus sincères condoléances et mes amicales pensées.